Hubert Reeves

 

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Tycho Brahé, 1546 - 1601.

tycho brahé

Tycho Brahé est un astronome danois dont le disciple n'est autre que Johannes Kepler, auteur des lois de la mécanique céleste. Ce dernier doit en partie ses découvertes à son maître et à ses travaux sur l'orbite de Mars. Tycho Brahé fit construire le plus grand observatoire d'Europe : Uraniborg. Il décela la vraie nature extraterrestre des comètes. Indécis sur les deux système du monde proposés à l'époque, le géocentrisme et l'héliocentrisme, il théorise sur un système hybride appelé le géo-héliocentrisme, dans lequel les planètes tournent autour du Soleil, mais le tout tourne autour de la Terre, restant immobile au centre de l'Univers.

Sommaire

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La jeunesse de Tycho Brahé

Tycho Brahé est né le 13 Décembre 1546 à Knudstorp, en Scanie, province soumise à cette époque au royaume du Danemark. Sa famille était issue de la plus ancienne noblesse du royaume.

portraits Tycho Brahé

Naissance d'une vocation pour l'astronomie

Le jeune Tycho, qui ne suit pas un enseignement poussé de la part de ses parents (son père refuse de lui faire enseigner le latin), est placé à l’insu de sa famille par son oncle maternelle dans une école, là où son intelligence peut enfin s’exprimer. Il se passionne alors pour les choses du ciel et dévore tous les livres d’astronomie et d’astrologie. Pourtant, il suit à l’époque des études de Droit, études qui pâtiront beaucoup de cette passion. En 1560, une éclipse de Soleil a lieu (en quasi concordance avec les prévisions des éphémérides), ce qui provoque son enthousiasme et décide sa vocation, il se met à l’étude du ciel. La même année, il est envoyé à Leipzig pour suivre une instruction très basique, suffisante à cette époque pour pouvoir permettre à un membre de la noblesse d’occuper un emploi public. Mais, à l’insu de son gouverneur, il se consacre aux mathématiques et à l’astronomie, il devient également féru d’astrologie. Tycho reçoit régulièrement de l’argent pour satisfaire ses plaisirs, il en consacre la totalité à l’achat de livres et d’instruments. En 1563, il observe une nouvelle fois un évènement céleste prévu par les éphémérides en usage (les tables prussiennes) : une conjonction de Jupiter et Saturne produite à plusieurs jours d’écart, avec le moment prédit par les tables prussiennes.

observation astronomes

La vision du monde de Tycho Brahé : le géo-héliocentrisme

Tycho Brahé réfute le système héliocentrique de Copernic au profit d’un système géo-héliocentrique (tel celui d’Héraclide), car les théories coperniciennes contredisent la Bible et on n’y observe pas de parallaxes annuelles. Tycho croit que la Terre est le centre du monde, que les planètes tournent toutes autour du Soleil et que le tout tourne autour de la Terre. Il croit aussi que les étoiles lointaines influencent le mouvement des planètes, et que ces étoiles sont placées non loin de Saturne car il réfute l’idée d’espace vide entre les étoiles et les planètes. Il pense que la matière est uniformément répartie au sein de l’univers. Cependant, malgré ces malheureuses convictions, on doit à Tycho Brahé d’avoir brisé les croyances de sphère de cristal, la sphère des fixes, contenant les étoiles au-delà du système solaire.

écrits de tycho brahésystème géo-héliocentrique Tycho Brahé

Un astronome très ...

... pragmatique ...

Brahé est un maniaque de l’observation, il ne porte d’ailleurs que peu d’intérêt pour la spéculation cosmologique. Frustré par le manque d’observation directe du ciel (la lunette de Galilée ne sera inventé qu’en 1609), il se met à fabriquer lui-même de nouveaux instruments de mesure et d’observation, évidemment sans composante optique. Galilée critiquera ces instruments pour leur coût exorbitant et leur complexité pas toujours justifiée, mais il demeure que Tycho exécutera beaucoup d’observations d’une grande précision avec ses instruments, un demi siècle avant l’invention de la lentille. En 1565, il retourne à Copenhague mais il est peu apprécié par les hommes de sa caste, qui le considèrent comme un excentrique et un individualiste, il se résout donc à partir pour l’Allemagne … Il rencontre là-bas plusieurs astronomes célèbres, tels le landgrave de Hesse-Cassel, Guillaume IV. Il visite alors tous les observatoires du pays, et commande de nouveaux instruments pour étudier le mouvement de la voûte céleste.

instruments astronomie

...et caractériel !

On raconte une anecdote sur Brahé pendant son séjour en Allemagne : A Rostock, il eut une querelle avec l’un de ses compatriotes qui n’était pas d’accord avec lui sur un problème de géométrie. Les deux hommes se provoquèrent en duel et Tycho y perdit son nez ! Pour masquer cette balafre, il se fabriqua un faux nez, fait d’or et d’argent … On peut d’ailleurs l’observer sur certains portraits de l’astronome.

nez de tycho brahé

De Nova Stella

 Il retourne assez rapidement à Copenhague pour y vivre dans la retraite. Le 11 novembre 1572, il découvre une nouvelle étoile dans la constellation de Cassiopée, une étoile si brillante qu’elle est visible même en plein jour. Tycho, subjugué comme tous ses contemporains par le phénomène, découvre que l’étoile ne possède pas de parallaxe et en déduit donc qu’elle est située à très grande distance. Tycho mesura la brillance de l’étoile, ses résultats furent tellement précis que les astrophysiciens utilisent encore aujourd’hui ces mesures pour étudier les supernovae … Car effectivement, l’objet mystérieux n’était pas une étoile à proprement parler, mais l’explosion de étoile en supernovae. Il publie l’année suivante son ouvrage De Nova Stella anni 1572.

nova stellacomète

Uraniborg, l'observatoire de Tycho Brahé

Tycho Brahé, tout puissant

Ces observations firent l’admiration du Chancelier Oxe et du roi Frédéric II, ami des sciences. En 1576, ce dernier offre à Tycho Brahé la petite île d’Hween, située dans le détroit de Sund, entre Elseneur et Copenhague. Il ajoute également une pension de 500 écus, un fief situé en Norvège, et un bénéfice de chanoine (2 000 écus) afin d’entretenir un observatoire, nommé Uraniborg, construit aux frais du roi. Brahé détient alors l’autorité suprême sur les habitants de l’île et, tel un monarque, perçoit des revenus à même le travail de ces derniers. Son caractère autoritaire et individualiste fit de lui, grâce à l’obtention du pouvoir, un véritable dictateur.

La folie des grandeurs

Brahé équipe son observatoire d’imprimeries et d’instruments fabriqués par ses soins dans son atelier, instruments qui coûtaient une fortune, puisée dans ses richesses personnelles. Ces instruments étaient très imposants : 2 à 2.5 mètres, ils étaient tous munis de limbes de cuivre et fabriqués avec la plus grande précision. Brahé décrit ses instruments dans son ouvrage Astronomiae instauratae Mechanicae. Parmi ces instruments, Brahé fabrique des horloges graduées à la seconde, dont l’une qui mesure près d’un mètre de diamètre et qui possède 1 200 dents. Il possède aussi une équipe de vingt à trente collaborateurs s’occupant des observations ou des calculs. Uraniborg renferme également un laboratoire de chimie où l’on prépare des médicaments qui sont, paraît-il, distribués gratuitement aux pauvres. Cette généreuse entreprise ne fut pas du goût des médecins de Copenhague.
L’observatoire d’Uraniborg est achevé en 1580. Son propriétaire y travaillera pendant dix-sept années …
En 1588, il publie De mundi aetherei recentioribus phaenomenis. En 1591, sort Tychonis Brahae, apologetica responsio ad cujusdum patetici in scolia dubia, sibi de parallaxi cometarum opposita. Puis, en 1596 : Tychonis Brahae, Dani, epistolarum astronomicarum libri.

astronomiae mechanicae

Uraniborg

Tycho Brahé contraint de quitter Uraniborg

Tycho se marie avec une roturière (une fille de paysan) qui lui donnera huit enfants. C’est le roi en personne qui consacre l’union pour faire taire la noblesse qui s’oppose évidement à ce mariage.
A la mort de Frédéric II, les nobles et certains médecins de Copenhague, par jalousie et désir de vengeance, profitent de la minorité de Christian IV pour priver Brahé de ses droits de pension et bénéfices qui lui permettaient de poursuivre ses travaux et d’assurer l’entretien de son observatoire. Le sénateur Walckendorp est l’instigateur de cette injustice. Plus tard, Laplace dira de lui : « Son nom, comme celui de tous les hommes qui ont abusé de leur pouvoir pour arrêter le progrès de la raison, doit être livré au mépris de tous les âges. »

Tycho Brahé

Petite cause, grands effets … En effet la haine qui s’instaura entre Brahé et Walckendorp a une origine aussi futile que ridicule. Un jour, le jeune roi Christian IV vint rendre visite à Brahé à Uraniborg en compagnie du sénateur Walckendorp ; ce dernier ne supportant pas les aboiements de deux dogues anglais appartenant à Brahé (et offerts par le roi Jacques VI) leur donna des coups de pied. Brahé prit parti pour ses chiens, une dispute s’ensuivit, et c’est ainsi que les deux personnes devinrent ennemies … au final, la principale victime de cette inimitié étant l’astronomie !
Brahé est donc contraint de quitter son île avec ses instruments et les six enfants qui lui restent pour se rendre au Danemark. Mais il quitte aussitôt le Danemark pour Prague car on ne lui permet pas de s’installer comme il le souhaitait. Là-bas, l’empereur Rodolphe II lui fait rencontrer le jeune Johannes Kepler (1571-1630), qui travaillera avec lui et qui s’affairera sur les calculs des orbites de Mars. Kepler rédigera également les tables rudolphines, qui sont des annales astronomiques. Il est vrai que Tycho Brahé connaissait les écrits du jeune astronome Allemand, et Kepler rêvait d’étudier les observations du grand maître (Brahé a été nommé « Astronome Impérial » par l’Empereur) …

Tycho Brahé meurt le 24 Octobre 1601, à 54 ans, d’une rétention d’urine. Kepler lui succède à la demande de l’Empereur.

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