Sommaire |
La terraformation correspond au processus qui vise à modifier les propriétés (chimiques, climatiques, atmosphériques) d’une planète, dans le but de permettre la survie et la pérennité d’une vie de type terrestre.
Cette science, initialement issue de la science-fiction, a donc pour but de transformer les l’environnement naturel d’une planète (ou d’un satellite) du système solaire, dans l’optique d’en faire un terrain d’asile pour l’espèce humaine.
Si le terme de « terraformation » est le plus médiatique, il existe un terme officiel pour désigner cette science : la biosphérisation.
Ce terme, déposé au Journal Officiel le 17 Avril 2008 définit avec précision la « transformation de tout ou partie d'une planète, consistant à créer des conditions de vie semblables à celles de la biosphère terrestre en vue de reconstituer un environnement où l'être humain puisse habiter durablement. ».
Ce terme remplace celui d’écogenèse …
Cette idée provient de la science-fiction, mais répond à une angoisse humaine bien réelle et typique à notre époque : Celle de la dégradation de nos conditions de vie sur Terre, notamment en matière environnementale et climatique : Augmentation de l’effet de serre due aux rejets de gaz directement issus de la surexploitation des énergies fossiles, fonte des glaces et donc de la montée du niveau des océans, extension des déserts, prolifération des tempêtes tropicales, modification des courants marins, déforestation massive …
Avec toutes les conséquences que cela pourra avoir dans les décennies à venir ! Famine, prolifération de maladies, radicalisation des idéologies extrémistes, et surtout exodes massifs de réfugiés climatiques, pour ne citer que ceux-là …
L’homme a compris trop tard qu’il jouait avec son destin, et avec celui de sa planète … Aujourd’hui, s’il cherche des solutions pour enrayer un phénomène qui peut parfois sembler inéluctable, il étudie également les possibilités de s’exiler ailleurs … L’idée de quitter la Terre à l’air folle et insensée, pourtant des études très sérieuses se sont portées sur la question.
Ce concept de terraformation d’une planète apparaît pour la première fois dans un roman de science-fiction intitulé « Les conquérant de Mars », en 1912 ! L’idée est juste évoquée, mais le mot de « terraformation » apparaît pour la première fois en 1942, dans une nouvelle (Collision Ship) écrite par l’écrivain américain Jack Williamson et publiée dans la revue Astounding Sience-Fiction …
Le très médiatique astronome américain Carl Sagan fut alors l’un des premiers scientifiques à se pencher sérieusement sur la question de l’application physique de cette vue de l’esprit, en proposant une terraformation de notre planète jumelle, Vénus, devenant ainsi un pionnier de l’exobiologie (en 1961 déjà !). L’idée était d’injecter en masse des algues dans l’atmosphère vénusienne dont le rôle aurait été de modifier la composition atmosphérique … Par photosynthèse, les algues auraient réduit le taux de gaz à effet de serre, responsable de l’enfer qui règne sur Vénus. La température réduite, l’eau se serait alors condensée sous forme liquide … Pourtant, les algues auraient apparemment rejeté du carbone sous forme minérale, celui-ci ayant la propriété de redevenir CO2 sous de fortes températures, comme celles de Vénus … Le projet ne semblait donc pas applicable.
Quoiqu’il en soit, les facteurs à modifier sont connus : La température trop élevée due à un puissant effet de serre et la pression atmosphérique. Reste à trouver des solutions, s’il y en a !
Si Vénus a été un sujet d’étude à terraformation, la planète qui est le plus souvent associée à cette idée est notre autre voisine, Mars.
Mars est également soumise à des conditions extrêmes qui rendent la possibilité d’une vie de type terrestre inexistante, mais d’une toute autre nature que celles de Vénus.
Vénus est trop chaude, Mars est trop froide … Vénus est soumise à un trop puissant effet de serre, Mars à un trop faible … Vénus possède une trop forte pression atmosphérique, Mars une trop faible … Ce qui n’est pas étonnant quand on constate que si la Terre se situe en plein dans la zone d’habitabilité, Vénus est trop avancée, et Mars trop reculée. Encore une fois, c’est le Soleil qui prédomine à toutes les conditions.
Si Mars suscite autant de convoitises, c’est qu’on présume très fortement que l’eau liquide a jadis coulé sur son sol, et que la vie a probablement du s’y développer pendant un certain laps de temps. Si on sait aujourd’hui qu’il n’y a plus de vie sur Mars, on sait également qu’il s’y trouve toujours de l’eau ! Et l’eau, c’est un espoir pour la vie …
Il semble alors plus « facile » de terraformer Mars que Vénus, et la planète rouge est source de tous les fantasmes.
Pourrions-nous redonner à Mars les conditions dont elle bénéficiait jadis pour y abriter de nouveau la vie ? C’est un défi comme aime en relever l’humanité.
Mars possède des points communs avec notre planète : Comme elle, son inclinaison orbitale et sa vitesse de rotation font qu’elle connait des alternances de climats, des saisons, comme nous en connaissons sur Terre.
Pourtant, elle comporte essentiellement des différences, qui sont autant d’obstacles que de défis à relever.
En effet, l’atmosphère est très ténue car elle s’est échappée dans l’espace au fil du temps, ainsi la pression atmosphérique est 160 fois moindre que sur notre planète. De ce fait, l’effet de serre est minime et la température avoisine les – 60°c … La faible atmosphère est composée à 96% de dioxyde de carbone (CO2), pour seulement 0.13% de dioxygène (O2). Ce manque atmosphérique filtre très peu les radiations cosmiques et les ultraviolets émis par le Soleil qui sont destructeurs de tout ce qui vit sur Terre.
Mars est peu massive, c’est pour cela que la planète n’a pas pu retenir son atmosphère … Néanmoins, on pense qu’une partie de celle-ci se serait retrouvée emprisonnée sur la croûte martienne, prisonnière de l’eau liquide, ainsi qu’aux pôles martiens constitués de neige carbonique. Par exemple, le pôle sud est un océan d’eau glacée recouvert d’une couche d’une dizaine de kilomètres de neige carbonique.
L’objectif pour Mars, serait donc d’élever le niveau de la température. Car alors l’eau pourrait redevenir liquide, libérant son CO2, l’atmosphère se reconstituerait et la pression monterait, augmentant ainsi l’effet de serre …
Pour autant, il faudrait donner un coup de pouce initial au déclenchement du processus, une impulsion !
Certains spécialistes de la Mars Society pensent qu’il suffirait d’élever la température de 4°c pour qu’un cercle vertueux prenne forme. Mais élever la température globale d’une planète de 4°c, ce n’est pas une mince affaire … On a pensé à envoyer de gigantesques miroirs aux pôles de Mars sensés réfléchir la lumière solaire et faire fondre les calottes … Mais le projet semble irréalisable, les miroirs devant faire 200 kilomètres de diamètre …
Pourtant, on peut dire que l’homme est un spécialiste de l’effet de serre ! Nous savons d’expérience que certains gaz à effet de serer sont très puissants, plus encore que le gaz carbonique : les fameux CFC (chlorofluorocarbones) qui ont fait tant de mal à notre planète. On pense donc que libérer ces gaz sur Mars accélèrerait le processus d’élévation de la température. Mais pour cela, il faudrait envoyer des milliers d’hommes sur Mars, et construire de véritables usines … Ce n’est pas pour tout de suite !
Un autre gaz à effet de serre, l’ammoniac, est présent dans beaucoup d’astéroïdes du système solaire extérieur. Il a donc été envisagé de dévier la trajectoire de certains pour les diriger vers la planète rouge, dans le but de leur faire libérer leurs gaz dans l’atmosphère martienne. Combiné à la production de CFC, ce facteur supplémentaire serait un atout de plus.
Une autre voie, qui semble assez peu réalisable compte tenu des vents martiens : Assombrir le sol de Mars avec du charbon, dans le but de réduire l’albédo du sol, c’est-à-dire le pouvoir réfléchissant de la surface. Plus l’albédo est important et plus le sol renvoie la lumière solaire, et vice versa. Cela veut dire qu’un sol à faible albédo conserve mieux l’énergie lumineuse, donc la chaleur.
Une fois la température élevée et la pression atmosphérique suffisante, le cycle de l’eau pourrait reprendre normalement. Toute l’eau emmagasinée dans les calottes polaires, mais aussi sous la surface, dans du permafrost, pourrait alors former un grand océan et recouvrir une grande partie de l’hémisphère nord.
De l’eau liquide, une atmosphère de CO2, voilà qui ressemble à Terre primitive, et ce serait pourquoi pas une aubaine pour faire la culture de bactéries, algues ou plantes se développant par photosynthèse !
Une photosynthèse massive, comme cela s’est produit dans la jeunesse de notre planète, libèrerait une grande quantité d’oxygène. Mais il est clair que tous ces processus additionnés d’intégration d’organismes vivants ayant pour objectif d’introduire l’homme durablement sur Mars prendra des milliers d’années, même en optimisant les conditions nécessaires … Cette longue phase, qui vise à créer un écosystème, s’appelle l’écopoïèse.
Tous les scenarii de terraformation semblent séduisants, pour peu qu’on mette de côté la notion de coût financier d’une telle entreprise, mais il faut pourtant nécessairement tenir compte des limites infranchissables, des contraintes que connaît la planète rouge et sur lesquelles nous buterons sans avoir de solutions …
La faible masse de Mars fait que son atmosphère s’échappe inexorablement. Même en la recréant au bout de multiples efforts, celle-ci aura une durée de vie limitée sur la planète. Encore que cette évaporation atmosphérique s’opère sur des millions d’années, ce qui serait probablement suffisant pour garder le contrôle sur l’atmosphère …
Par contre, Mars ne possède pas de champ magnétique, et là c’est très problématique. Car en effet, sans champ magnétique, pas de bouclier anti radiations empêchant les particules à haute énergie émises par le Soleil de bombarder la surface martienne ! La magnétosphère terrestre est provoquée par les mouvements du noyau externe constitué de fer liquide. Sur Mars, le noyau s’est refroidi et s’est durci, il n’y a plus de mouvements … On a toutefois décelé les traces d’un magnétisme rémanent, lente agonie de la magnétosphère martienne.
Au final, la terraformation est devenue une science, ce qui veut dire qu’elle est devenue une cause sérieuse, source d’études et de projets. Néanmoins, même si certains projets pourraient obtenir de réels résultats, on se butera toujours à une réalité bien plus terre à terre : L’argent.
Car au-delà de la durée phénoménale d’une terraformation sur Mars ou autre, imaginez le coût qu’un tel projet pourrait représenter … Alors que la grande majorité des hommes vivants sur Terre souffrent déjà de conditions de vie indignes, nous aggraverions cette situation dans le seul but de polluer une planète située à 300 millions de kilomètres de nous ?
Il y a donc là une question morale qui se pose, pourquoi chercher ailleurs ce que nous avons encore à sauver chez nous ?