Sommaire |
Aujourd’hui source d’études, il fut un temps où la venue d’une comète était empreinte de mystère … Mais bien que l’observation de ces astres chevelus remonte à plus de 4000 ans, une chose perdure : L’émerveillement.
Pourtant, dans un passé, pas si lointain que cela, où l’obscurantisme religieux régnait en maître, ces évènements naturels étaient interprétés comme étant des messages envoyés par Dieu, parfois annonciateurs de victoires, mais souvent annonciateurs de malheur. Entre peurs et superstitions, les comètes ont donc souvent effrayé les populations (tout comme d’autres phénomènes inexpliqués, comme les éclipses).
Aujourd’hui, grâce à d’illustres astronomes comme Isaac Newton ou Edmond Halley, nous en connaissons un peu plus sur ces astres venus du froid.
C’est ce dernier qui le premier nous donnera l’explication de la venue de ces astres mystérieux :
Le 16 Décembre 1681, Halley aperçoit une comète dans le ciel londonien. Fort de ses connaissances en astronomie antique, il entreprend de fastidieuses recherches en bibliothèque afin de recueillir et recenser les dates des apparitions des plus spectaculaires comètes observées par le passé. Parmi les comètes rassemblées par ses soins, trois l’intriguent. L’une a été observée en -476 av J.C. en Chine, où l’on a décrit une étoile se déplaçant à grande vitesse avec un large panache. La même apparition est mentionnée par certains traducteurs arabes ayant traduits l’Almageste de Ptolémée. La deuxième comète a été observée au XIème siècle et est mentionnée sur la très célèbre tapisserie de Bayeux (tapisserie représentant l’invasion de l’Angleterre en 1066 par Guillaume le Conquérant), où l’on peut voir le roi d’Angleterre Harold II entouré de courtisans et observant une étoile à panache. Il prend aussi note de celle observée en 1531, du temps de Charles Quint.
Enfin, Halley reprend l’observation faite en 1607 par Johannes Kepler, soit 75 ans plus tôt. Parallèlement à ses recherches, Halley observe et étudie bien entendu la comète qui trône au-dessus de sa tête. Durant l’hiver 1681-82, il entreprend des calculs sur sa trajectoire (il lui attribue une trajectoire elliptique), en tenant compte des lois de la gravitation d’Isaac Newton. Il se rend rapidement compte qu’il s’agit de la même comète …
En 1684, le jeune Halley rencontre pour la première fois son aîné Isaac Newton, qui devient rapidement son ami. Conscient du génie mathématique de ce dernier, il le pousse à rédiger et publier ses travaux sur l’attraction universelle (Newton sera toujours réticent à publier ses travaux).
En 1705, après vingt trois années de recherches, Halley termine enfin ses travaux sur la comète et affirme qu’elle tourne autour du Soleil en 76 ans environ. Une telle périodicité valide alors la théorie selon laquelle les comètes appartiennent bien au système solaire. Elle traverse les orbites de Neptune, Uranus, Saturne, Jupiter, Mars et la Terre, puis elle effectue son virage autour du Soleil. C’est à ce moment que le réchauffement solaire sublime la glace qui est à sa surface et laisse échapper le grand panache de gaz et de poussières que l’on observe depuis notre planète. Ce panache est toujours opposé à la direction du Soleil.
Après les passages de 1531, 1607 et 1682, Halley prédit le passage suivant pour 1758 ! A cette occasion on attribue le nom de Halley à la comète, à titre posthume évidemment …
Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XIXème siècle qu’on apprit que les comètes sont de petits corps rocheux et glacés (glace d’eau), qui se sont formés en même temps que le système solaire, et qui s’en sont positionnés à la périphérie.
Elles sont regroupées dans deux principaux réservoirs de comètes : La ceinture de Kuiper, située après l’orbite de Neptune, et le nuage d’Oort, qui s’étend sur plus d’une année lumière !
On pense très fortement aujourd’hui que l’apparition de la vie sur Terre est le résultat d’un intense bombardement cométaire survenu dans la jeunesse du système solaire. En effet, ces astres lointains sont sujets aux perturbations gravitationnelles occasionnées par l’approche d’étoiles voisines au Soleil. Il est fortement envisagé qu’un évènement similaire se soit produit il y a 4 milliards d’années … L’étoile aurait perturbé le nuage de Oort, précipitant une quantité astronomique de comètes vers l’intérieur du système solaire, provoquant un véritable cataclysme à la surface des planètes telluriques.
Cet évènement aurait cependant été un important facteur dans l’apparition d’eau sur Terre, ainsi que d’acides aminés, molécules organiques complexes, véritables briques élémentaires de la vie !
Les astronomes ont un intérêt tout particulier pour les comètes, car, du fait de leur éloignement, elles ont conservé toutes les traces de l’histoire du système solaire !
C’est pourquoi de récentes missions spatiales ont été mises au point, notamment la sonde Giotto qui fut la première à photographier un noyau cométaire (celle de Halley) lors de son passage en 1986.
La sonde Stardust fut elle envoyée afin de récolter de la matière cométaire directement issue de sa chevelure, ou bien Deep Impact qui s’est écrasée à la surface de Tempel 1 afin d’étudier l’intérieur du cratère, ou bien encore Rosetta dont le but est d’atterrir à la surface de la comète Wirtanen en 2011.
Comme nous l’avons vu, une comète est un bloc de glace d’eau et de roches essentiellement composées de carbone, alors pourquoi porte-t-elle une longue chevelure derrière elle ?
La présence de cette queue est due à un phénomène chimique appelé « sublimation ». En se dirigeant vers le système solaire intérieur, la comète s’approche du Soleil. Lorsque la température a suffisamment grimpé, la glace de surface commence à fondre, mais d’une manière particulière : Elle passe directement de l’état solide à l’état gazeux, sans passer par l’état liquide.
Ainsi, la comète perd peu à peu de la matière, et fonce vers le Soleil en traînant derrière elle une queue appelée chevelure.
Cette queue, qui peut atteindre jusqu’à plusieurs millions de km de long, se scinde en 2 parties : Une queue principale (droite) constituée des poussières carbonées éjectées par la pression de radiation du vent solaire, et une autre queue plus fine et courbe constituée d’un plasma ionisé poussé à haute vitesse par le vent solaire.
Attention : Le vent solaire n’a rien à voir avec le vent tel qu’on le connait sur Terre !
Ce qui veut dire que la chevelure de la comète ne se trouve pas forcément derrière elle … Lorsque la comète s’éloigne du Soleil, la chevelure la précède, car poussée par le vent solaire ! Ce n’est pas le mouvement de la comète qui crée la queue, mais bien le vent solaire.
