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Camille Flammarion, 1842 - 1925.

Camille Flammarion

Camille Flammarion, astronome français fondateur de la Société Astronomique de France, est le père de la vulgarisation scientifique. Son oeuvre majeure, l'Astronomie populaire, est le premier ouvrage scientifique destiné à la culture du grand public. Astronome émérite, il fait construire l'observatoire de Juvisy et sa célèbre grande lunette astronomique, avec laquelle il se spécialise dans l'astrophotographie ...

Sommaire

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La jeunesse de Camille Flammarion

Un intérêt précoce pour les sciences et l'ésotérisme

camille flammarion

Né le 26 Février 1842 à Montigny-le-Roi (Haute Marne), Camille Flammarion est issu d’une famille modeste de 4 enfants, dont le cadet n’était autre qu’Ernest Flammarion (1846-1936), fondateur de la librairie Flammarion / éditions Flammarion.
A la suite de déboires financiers, la famille part pour Paris, en laissant au curé du village de Langres le soin d’éduquer le petit Camille, au séminaire. Il y restera jusqu’en 1856, date à laquelle il rejoint ses parents sur Paris. Pour pouvoir subsister, il accepte un travail d’apprenti chez un graveur ciseleur, où il apprend le dessin. A cette époque, il manifeste déjà un intérêt pour les phénomènes naturels, les religions, et les philosophies religieuses (notamment le bouddhisme), de façon éclectique. Le soir, après son travail, il suit des cours du soir gratuits afin d’obtenir son baccalauréat. Le surmenage a raison de lui, et le médecin qui s’occupe de lui est intrigué par son grand intérêt de l’astronomie. Il découvre un manuscrit de 500 pages, écrit par Camille : « Cosmogonie universelle », et se rend compte que le jeune homme démontre des aptitudes pour le travail intellectuel et scientifique.

Entrée à l'Observatoire de Paris

Une expérience décevante

En Juin 1858, grâce à ce médecin, il est embauché en tant qu’élève astronome au bureau des calculs de l’Observatoire de Paris, alors dirigé par Urbain Le Verrier (découvreur de Neptune) afin de rectifier la position des étoiles à la lunette méridienne. Camille Flammarion ne peut observer les astres, il est déçu par cette expérience car il n’y apprend que la mécanique céleste, alors qu’il voulait découvrir les merveilles du ciel et apprendre l’astrophysique. Le soir, après sa journée de travail, il assiste donc l’astronome Jean Chacornac dans ses observations. Cependant, sa situation ne lui convient plus, et bien qu’il reconnaisse la nécessité des calculs dans la connaissance des positions et mouvements des astres, il affirmera de façon critique (dans ses mémoires) à l’encontre des astronomes mathématiciens : « Certes, je suis loin de dire que l’on ne travaille pas à l’Observatoire de Paris, mais c’est un fait général que les travaux particuliers, effectués avec amour, sont exécutés avec plus de soin et vont beaucoup plus vite que ceux d’une administration. ». Il dira également dans ses mémoires (p.204) : « J’ai eu l’heureuse fortune de voir naître l’analyse spectrale des corps célestes, la photographie du Soleil, des planètes, des comètes, des étoiles, des nébuleuses et toutes les méthodes qui, depuis un demi-siècle, ont substitué la vivante astronomie physique à l’ancienne et léthargique astronomie mathématique ».

Un esprit ésotérique qui ne plait pas

Il publie donc son premier livre de vulgarisation, intitulé « La pluralité des mondes habités », qui est un ouvrage sur la présence de la vie sur les planètes du système solaire. De sa propre bouche : « Si l’on observe ainsi les planètes, c’est pour certes chercher à mieux les connaître, mais sommes-nous donc si sûrs d’être seuls dans le vaste Univers ? ».
Si cet ouvrage est un succès auprès du grand public, c’en est un moindre au sein de sa confrérie : Il se fait congédier par Urbain Le Verrier en 1862.
Flammarion s’intéresse déjà à cette époque au spiritisme, il fréquente les milieux spirites parisiens (Allan Kardec), anglais (British National Association of Spiritualists) et américains (American Brench for Psychical Research).
Après son renvoi de l’Observatoire de Paris, on lui offre un autre emploi au Bureau des longitudes pour calculer les éphémérides annuelles de la Lune.

Le Verrier et Observatoire de Paris

Flammarion, père de la vulgarisation scientifique

Des conférences et de nombreux ouvrages destinés au grand public

Après le succès de son livre, Flammarion va alors se faire connaître par ses ouvrages de vulgarisation et ses conférences, il prendra part à la rédaction de nombreux articles pour journaux et revues (l’Intransigeant, Cosmos, le Magasin pittoresque), français et étrangers ; il participe ainsi au grand mouvement scientifique de cette seconde moitié du XIXème siècle.  Il publie donc des livres dont les sujets ne se cantonnent pas au strict domaine de l’astronomie, mais également des sciences de la nature (foudre, tremblements de Terre), du spiritualisme, de la philosophie, du roman (récits de voyages en ballon). Une grande productivité, des dizaines d’ouvrages dont voici quelques exemples :
« Les Merveilles Célestes » (1865), « Dieu dans la Nature » (1867), « L’Atmosphère » (1872), « Les Terres du Ciel » (1877), etc …
En 1867, il devient le premier président du Cercle parisien de la Ligue de l’Enseignement de Jean Macé. Dès son départ de l’Observatoire de Paris, il fréquente les contructeurs d’instruments connus par les amateurs et les scientifiques : Bardou, Secrétan. Il se fait d’ailleurs construire sa première lunette par Secrétan, en 1866 (une lunette de 108mm de diamètre).

livres Camille Flammarion

La guerre de 1870 l’interrompt dans la publication de ses ouvrages.
La situation étant redevenue calme, il décide de s’installer rue Cassini, non loin de l’Observatoire. Il se marie en 1874 avec Sylvie Petiaux, son amour de jeunesse et l’emmène en voyage de noces en ballon ! Sa femme devient une active collaboratrice.
L’esprit revanchard, Camille Flammarion fait campagne contre l’autoritaire Urbain Le Verrier dans le journal « Le Siècle », avec d’autres astronomes de l’Observatoire de Paris.
En 1873, Le Verrier demande à Flammarion de réintégrer l’Observatoire.
Il reprend ainsi ses activités rédactionnelles et publie en 1878 un catalogue d’étoiles : « Les étoiles doubles, catalogue des étoiles multiples en mouvement ». L’année d’après, il sort son œuvre majeure qui assoie définitivement sa réputation de vulgarisateur à succès : « l’astronomie populaire » (1879). Dans ce livre, il diffuse notamment le modèle d’une lunette astronomique dite « lunette des écoles », une lunette méridienne mise au point par Bardou et lui-même.
Il multiplie les conférences, lors desquelles il se sert de supports pédagogiques de son époque : la photographie ou la diapositive.
En 1882, il publie une nouvelle revue mensuelle de vulgarisation astronomique, « l’Astronomie ». Il sort également des guides indispensables pour plusieurs générations d’astronomes amateurs : « l’Annuaire Astronomique Flammarion » et « Grand Atlas Céleste ».

Astronomie Populaire

L'Observatoire de Juvisy-sur-Orge

La grande lunette astronomique de Juvisy

Toujours en 1882, un admirateur, riche propriétaire bordelais (Louis-Eugène Mérel), offre à Camille Flammarion une propriété à Juvisy-sur-Orge (Essonne) à 20km au sud de Paris. C’est une aubaine pour Flammarion qui s’empresse, dès 1883, de bâtir avec sa femme Sylvie un observatoire astronomique avec une coupole et une lunette équatoriale de 240mm de diamètre et de 3750 mm de focale. Cette grande lunette, Flammarion la fait construire par Bardou (optique), Gaussin (mécanique) et Bréguet (horlogerie). Il s’inspire de la lunette de l’Observatoire de Paris pour la monture équatoriale.
Grâce à elle, il étudie les planètes avec des grossissements allant jusqu’à 600 fois !

Un précurseur de l'astrophotographie

Né dans le monde de la photographie (son père était employé aux studios Tournachon-Nadar, frère du grand Nadar), Camille Flammarion allie sa passion du ciel à la photographie, et devient donc un précurseur en matière d’astrophotographie. Il développera les techniques d’astrophotographie avec son adjoint F.Quénisset, et installera quatre objectifs. L’observatoire sera même à terme équipé d’une chambre photographique.

Observatoire Juvisy

Observatoire Juvisy

lunette Juvisy

La finalisation de l’observatoire de Juvisy prendra ainsi plusieurs années, l’inauguration ayant lieu le 29 Juillet 1887 avec la présence de l’Empereur du Brésil Don Pedro d’Alcantara. Flammarion étant pétri de convictions républicaines, c’est toute la république des « Jules » qu’il fait défiler dans son salon. En grand vulgarisateur brandissant ses idéaux d’instruction publique et laïque, il correspond avec le Ministère, avec la bibliothèque des amis de l’Instruction populaire …
La rédaction de ses ouvrages de vulgarisation constitue sa principale source de financement de son observatoire ; en contrepartie, son emploi du temps rédactionnel ne lui permet pas d’observer à loisirs dans sa lunette. Il est donc très souvent secondé par des astronomes comme Antonialdi ou Quénisset.

Flammarion observatoire

Quelques observations photographiées à l’observatoire de Juvisy :

astrophotographie Camille Flammarion

Flammarion réalise également beaucoup de croquis pour ses ouvrages, à partir de ses observations :

croquis Camille Flammarion

La Société Astronomique de France

Cette même année, il fonde la Société Astronomique de France (située dans le quartier Latin) en compagnie d’amis scientifiques, dont la vocation est de diffuser autant que possible les sciences de l’Univers et faire participer le plus grand nombre à leurs progrès. Cette association sera bientôt dotée d’un observatoire populaire et ouvert au public.
Flammarion en profite pour publier une nouvelle revue, intitulée « Bulletin de la Société Astronomique de France ».

Dans son observatoire privé, Camille Flammarion observe essentiellement Mars car, toujours fidèle à ses convictions de pluralité des mondes habités, il y recherche les fameux canaux et les traces de vie (le nom de Flammarion sera d’ailleurs donné à un cratère martien). Il correspond notamment avec deux sommités de l’astronomie du XIXème siècle : Percival Lowell de Flagstaff (USA) et Schiaparelli (Italie) qui défendent l’existence de ces prétendus canaux martiens, et qui viendront observer à Juvisy.

canaux de Mars

Juvisy, un laboratoire scientifique éclectique

climatologie

Camille Flammarion a l’ambition de faire de son observatoire de Juvisy un condensé de sciences, un laboratoire, un pôle d’expérimentation complet ne se limitant pas à l’astronomie. Il s’intéresse tout particulièrement à la climatologie, plus précisément à l’étude de la variation des conditions atmosphériques de la Terre et de l’influence du Soleil sur notre planète. Ses études en la matière le pousseront à faire plusieurs voyages en ballons.

biologie

En 1894, il crée une station de radio culture, composée de plusieurs serres de verre coloré. Le but de cette pratique étant de démontrer que les radiations solaires ont une influence sur la croissance des végétaux. Il confiera les expériences à l’ingénieur Loisel et à sa femme Sylvie. Flammarion découvre ainsi que la lumière rouge est plus efficace dans la pousse des plantes, et que la température n’est pas un facteur déterminant. En 1898, il établit les mêmes conclusions en étudiant des têtards et des vers à soie.

serres Camille Flammarion

et même, sciences du paranormal

L’observatoire de Juvisy sera aussi le théâtre d’expériences « scientifiquement parallèles », du domaine paranormal, notamment de séances de spiritisme.
En effet, dès son plus jeune âge, Camille Flammarion était attiré par les philosophies et religions orientales (bouddhisme), ce qui le conduit progressivement à s’intéresser aux phénomènes paranormaux ou parapsychologiques, et donc au spiritisme … Après avoir fréquenté les milieux spirites de tout le globe, l’astronome organise dans son observatoire de Juvisy des séances menées par Eusapia Paladino, médium italienne, en 1898.

Une passion pour le spiritisme

une époque où se mélangent sciences et croyances

Cet intérêt pour les phénomènes paranormaux et inexplicables doit être remis dans le contexte de l’époque. Cette époque est en effet en proie à une juxtaposition de croyances en tout genre, de phénomènes de foires, de découvertes sur le psychisme humain et des interrogations qui en découlent (survivance de l’âme après la mort) en dehors de toute conviction religieuse … Il est vrai que ce genre de croyances pourrait aujourd’hui nuire à la réputation de scientifiques. Mais Flammarion n’était pas le seul à croire à des choses qui semblent aujourd’hui marginales dans la communauté scientifique. Par exemple, le célèbre astronome hollandais Huygens croyait à l’existence des extraterrestres, Kepler à la présence de Luniens sur notre satellite, Halley pensait que la Terre était creuse et qu'elle habitait un "monde" à l'intérieur, Newton se livrait à l’alchimie et Branly au spiritisme. 

spiritisme Camille Flammarion

Camille Flammarion, un touche à tout

Il est vrai que Camille Flammarion n’a lui-même jamais fait de grande découverte dans le domaine de l’astronomie, mais son action a permis l’amélioration généralisée des connaissances scientifiques et astronomiques, notamment sur le système solaire (taches solaires, taches de Vénus, anneaux de Saturne, Jupiter, etc …) ou le ciel profond (étoiles doubles, objets du Catalogue Messier [amas, nébuleuses, galaxies] etc …).  Son observatoire sera également le théâtre de la découverte de deux comètes en 1893 et 1911.
Camille Flammarion est un touche à tout, très dispersé dans ses domaines de recherches. Il mettra en place de grands projets : renouvellement de l’expérience du pendule de Foucault en 1902, organisation de la fête du Soleil à chaque solstice d’été autour de la tour Eiffel entre 1904 et 1914 (il est un ami de Gustave Eiffel). Il tentera même de transformer la place de la Concorde en gigantesque cadran solaire, malheureusement ce projet sera avorté à cause de l’arrivée de la première guerre mondiale …
L’investissement en faveur de la vulgarisation scientifique qui sera le sien place tout au long de sa vie lui vaudra en 1912 la Légion d’honneur.

Une nouvelle science déstabilisante

La période d’après guerre voit progressivement s’éloigner Camille Flammarion de l’actualité scientifique. En effet, un nouveau courant scientifique émerge, mené par le jeune Albert Einstein qui, au travers de sa théorie de la relativité générale, est l’instigateur d’une révolution intellectuelle qui sera fatale à bon nombre de scientifiques aux facultés d’adaptations limitées. Flammarion, qui est un scientifique formé selon l’esprit encyclopédique, fait partie de ceux-là … A cette période, il se focalise donc d’avantage sur des questions relatives à la métaphysique, portant notamment sur la vie après la mort.

Camille Flammarion

Cette période voit également le décès de Sylvie, la femme de Camille Flammarion. Peu de temps après, il s’éprend de son assistante Gabrielle Renaudot, et l’épouse en 1919. Gabrielle est bachelière, ce qui est assez rare à l’époque pour une femme. En collaboratrice fidèle, elle l’accompagne dans toutes ses entreprises.
Flammarion restera, après en avoir été le premier président, secrétaire général de la Société Astronomique de France, jusqu’à sa mort, le 3 Juin 1925. Il décède à Juvisy-sur-Orge.
Sa femme Gabrielle reprendra le flambeau de son mari au sein de la SAF, jusqu’à sa mort, en 1962.
Aujourd’hui, la SAF continue de véhiculer des valeurs chères au grand astronome : rigueur scientifique, désintéressement, enthousiasme, foi en l’avenir …

Gabrielle Flammarion

Infatigable travailleur, les actions de Flammarion s’étendirent sur un très large domaine :

  • magnétisme terrestre et aurores boréales
  • physique du globe
  • observations portant sur l’étude physique de la Lune et des planètes.
  • Constellations, amas, nébuleuses du catalogue de Messier
  • Etude de la Voie Lactée
  • Etude du Soleil : taches et cycle de 11 ans
  • Systèmes d’étoiles multiples
  • Etude des comètes et des astéroïdes
  • Eclipses lunaires et solaires
  • Etude des phénomènes météorologiques : foudre, tremblements de Terre
  • Histoire des systèmes de monde et de leur compréhension
  • Calendrier et heures
  • Analyse spectrale
  • Climatologie agricole, radio culture

Les œuvres de Camille Flammarion

Flammarion astronomie
  • La Pluralité des mondes habités (1862)
  • Les Mondes imaginaires et les mondes réels (1865)
  • Les merveilles célestes (1865)
  • Études et lectures sur l'astronomie (9 volumes, 1866-1880)
  • Dieu dans la nature (1869)
  • Contemplations scientifiques (1870)
  • L'Atmosphère (1871)
  • Récits de l'infini (1872)
  • Lumen, histoire d'une comète (1872)
  • Dans l'infini (1872)
  • Les Terres du ciel (1877)
  • Cartes de la Lune et de la planète Mars (1878)
  • Catalogue des étoiles doubles en mouvement (1878) 
  • Astronomie sidérale (1879)
  • Astronomie populaire (1880, couronnée par le prix Montyon de l'Académie française)
  • Le Monde avant la création de l'homme (1885)
  • Les Comètes, les étoiles et les planètes (1886)
  • Uranie (1889)
  • Centralisation et discussion de toutes les observations faites sur Mars (2 volumes, 1892-1902)
  • La fin du monde (1894)
  • Les Imperfections du calendrier (1901)
  • L'Atmosphère et les grands phénomènes de la nature (1905)
  • L'Inconnu et les problèmes psychiques (1917)
  • La Mort et son mystère (1917)
ouvrages Camille Flammarion

Liens externes sur camille Flammarion

les amis de camille flammarion

Visitez le site des amis de Camille Flammarion !

http://membres.lycos.fr/juvastro/

Soutenez le projet de restauration de l'Observatoire de Juvisy !
http://www.astrosurf.com/saf/articles/JUVISY/ASTROPOLE/ASTROPOLE.htm
http://www.astrosurf.com/saf/articles/JUVISY/JUVISY.html

Astropole

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